L’exposition
Jour de repos et de rassemblement, le dimanche marque une rupture avec le quotidien, y compris dans l’habillement. Dans l’Aveyron du XIXᵉ siècle, s’endimancher est un rituel partagé. Bien au-delà d’un simple usage pratique, les habits du dimanche expriment une appartenance, un statut et répondent à des codes esthétiques et moraux. Le paraître est essentiel, il repose souvent sur les accessoires : les bijoux en jais ou les châles en cachemire pour les femmes, les chapeaux hauts de forme pour les hommes.
D’abord déterminé par les pratiques religieuses et les traditions locales, l’art de s’endimancher se transforme au fil du XIXe siècle sous l’influence de la bourgeoisie, de la publicité et des grands magasins. Dans un contexte d’essor du chemin de fer, la mode parisienne infuse jusque dans les villes et les campagnes aveyronnaises.
Explorant nos rapports aux apparences, à la distinction sociale, cette exposition présente la façon dont l’endimanchement reflète les transformations économiques, sociales et culturelles d’une époque où l’apparence était un marqueur essentiel d’appartenance et de respectabilité.
Aveyronnaise titulaire d’un master 2 en Histoire des sociétés occidentales contemporaines (XIXe-XXIe siècles) de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Géraldine Loubatières a soutenu en 2020 un mémoire consacré aux garde-robes des habitants de Rodez, Villefranche-de-Rouergue, Millau, Espalion et de leurs alentours.
Basée sur ses recherches et conçue en lien étroit avec elle, cette exposition présente des pièces textiles et des objets de la collection ethnographique départementale. Son iconographie est issue des collections de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron et de l’Institut occitan de l’Aveyron (série Al canton), ainsi que de documents conservés aux archives de l’Aveyron.
Costumes d’époque tels que la tenue d’une institutrice, gants, foulards, ombrelles, sabots, tabliers, bobines et fuseaux… cette plongée inédite dans l’art du paraître en Rouergue donne à voir, à travers l’habit du dimanche, les valeurs prédominantes dans la société et leur évolution.
Elle est aussi un hommage au tissu d’artisans et de commerçants qui participèrent à fabriquer et à entretenir les vêtements, chaussures et accessoires de toutes les catégories sociales avant la généralisation du prêt-à-porter : merciers, couturières, tailleurs, modistes, repasseuses, blanchisseuses, chapeliers, gantiers, cordonniers, bottiers… tous garants d’un savoir-faire local qui valorisait les ressources de l’Aveyron (chanvre, laine de brebis, peaux, bois…) et dont le rayonnement atteignit – et conserve parfois aujourd’hui encore – une dimension nationale, voire internationale.
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À découvrir jusqu’au 2 novembre 2025.
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Lieu : musée de Salles-la-Source